24.10.10

Esclavagismo islâmico: a catástrofe humanitária esquecida

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« De siècle en siècle, l’esclavage est devenu un fait musulman, s’inscrivant profondément dans les habitudes »
Au terme d’une longue enquête, Malek Chebel dresse un constat accablant : l’esclavage a été et reste un fait musulman.
(…) Ce n’est pas le vocabulaire qui manque en terre d’Islam pour parler de l’esclavage. Cette richesse sémantique tranche avec le mutisme qui entoure le phénomène. Un mutisme d’autant plus choquant, aux yeux de Malek Chebel, que l’esclavage a pris des dimensions considérables tout au long de l’histoire de cette région du monde et qu’il reste très présent dans le quotidien de centaines de millions de gens.
C’est pour briser ce silence assourdissant que l’anthropologue algérien s’est livré à une longue enquête. Le constat final est accablant : «À Brunei, au Yémen, dans les pays du Sahel, chez les Touaregs, en Libye, dans le Sahel tunisien, en Égypte, en Arabie, en Mésopotamie, au Soudan ou à Djibouti, il n’est pas un lieu gagné par l’islam où ne se soit jamais pratiqué le commerce d’esclaves.» (…)
Une bonne part de la main-d’œuvre servile utilisée dans le monde arabe venait d’Afrique subsaharienne – en Tunisie, le même mot, abîd, désigne indistinctement l’esclave et le Noir… - et tout particulièrement du Sahel, de l’Éthiopie ainsi que de la côte orientale du continent. Mais les Balkans et les steppes de l’Asie centrale furent également d’importants bassins pourvoyeurs.
Combien furent-ils ? Malek Chebel estime à plus de 20 millions le « volume total de l’esclavage en terres arabes et musulmanes ». Ce nombre englobe aussi bien les captifs de guerre slaves, les concubines et les domestiques circassiennes, que les domestiques noirs achetés à des négriers ou razziés dans les villages du Sahel, les marins chrétiens capturés par les corsaires barbaresques en Méditerranée.
Les négriers arabes auraient donc fait « mieux » que leurs homologues européens. Les uns ont, il est vrai, sévi pendant quatorze siècles, contre moins de quatre pour les autres.
Faut-il chercher dans le Coran la cause du mal ? Le livre, certes, accepte que la condition de sujétion des esclaves par rapport aux maîtres soit maintenue en l’état. Car l’islam est né dans une région du monde où l’esclavage était quasiment un mode de production.(…)
Vivement encouragé en théorie, l’affranchissement n’a guère été suivi en pratique. De siècle en siècle, l’esclavage est devenu un fait musulman, s’inscrivant profondément dans les habitudes. Pourtant, c’est un sujet dont on ne parle pas. (…)
Le pire est peut-être dans l’impact que l’esclavage a eu sur les mœurs politiques du monde arabe. Dans un livre récent, l’universitaire marocain Mohammed Ennaji explique en quoi il a fondé le rapport au pouvoir et donc l’absolutisme qui est encore souvent la règle dans cette partie du monde.
Une fois le livre de Malek Chebel – dont, curieusement, les médias ont peu parlé – fermé, on ne voit plus la civilisation islamique de la même façon.

Malek Chebel : Islam et esclavage, un tabou bien gardé

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